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CHAPITRE III

LA PROSE (POUR DES ESSEINTES)

La Prose passe pour la quintessence de l’inintelligible. Quiconque veut ridiculiser Mallarmé en cite une ou deux stances. La parodie ne lui a pas manqué. Et de fervents mallarmistes ne voient en elle qu’une musique verbale sans signification précise. Il me semble que, mise à sa place dans l’œuvre de Mallarmé, rapprochée de ses figures habituelles, comprise en harmonie avec son sentiment de la poésie, elle devient fort claire. L’obscurité première tient à la discontinuité des images, qu’il suffit de relier par une courbe d’émotion et de pensée. J’essaierai de satisfaire le lecteur exigeant ou sceptique par un mot à mot rigoureux. Ce travail d’exégète se trouve d’ailleurs autorisé par l’invocation byzantine sous laquelle est mis le poème.


PROSE

(pour des Esseintes.)

Hyperbole ! de ma mémoire
Triomphalement ne sais-tu
Te lever aujourd’hui grimoire
Dans un livre de fer vêtu :