Le sujet de Y Après-Midi hantait • Mallarmé depuis longtemps. Une première version du poème, tout à fait différente de notre texte, et qui doit lui être antérieure de plusieurs années, a été retrouvée dans une collection d’autographes qui appartenait à Ernest Chausson. Elle est peu mallarméenne, rappelle ,par ses vers faciles, son abondance de lys et d’étoiles, Banville et Mendès. (J’en parie sur la foi d’autrui, ne l’ayant pas lue). Si les héritiers de Mallarmé, entre les mains de qui elle est passée, se décident à la publier (ou simplement à la communiquer), la comparaison des deux textes sera curieuse. Le motif de Y Après-Midi à été très probablement fourni à /Mallarmé par un tableau de Boucher à la National Gallery.
Voici le faune, un peu le satyre velu de la nature élémentaire, un peu l’adolescent de Praxitèle qui, de l’ancienne figure mythologique, ne garde que lés petites cornes dans lés cheveux, et l’énigme de cette même oreille dont vous étonnait d’abord l’aspect de Mallarmé. S’éveille-t-il de quelque rêve ou prolonge-t-il quelque vision ? Debout, ici, la flûte aux doigts, il n’est plus rien qu’émoi d’amour. Il s’est levé" dans l’extase des d,eux figures qui dédoublent la passion : simplement, comme dans le feuilleton des quotidiens, la blonde et la brune, ^— la plus chaste aux yeux « bleus et froids comme une source en pleurs ù, et l’autre, tout soupirs; « brise chaude » de volup’té. Mais toutes deux* que sont- elles ? Un souhait des sens; une création poétique dd désir. L’une source et l’autre brise ? D’ëau, en ce midi* il n’en est que sonore, et versée par la flûte du faune ; jet toute brise, non plus, n’est rien que
Le visible et serein souffle artificiel
De l’inspiration qui regagné le ciel.
Qu’elle chante donc, la flûte, celle-là qui, dans l’églogue sicilienne, déjà consolait l’amoureux Polyphème ! Et Voici que d’elle monte la mélodie de souvenir et de rêve. N’était-il point, ici, jadis; avant que le faune cou-