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CHAPITRE XI

LE THÉATRE

Sa hantise de la musique et du ballet faisait à Mallarmé voir en l’un et en l’autre des figures de la synthèse poétique : suggestion avec la musique, arabesques mouvantes d’images avec le ballet. Mais la seule synthèse ici complète, comme l’indique, interprète de l’esthétique allemande, dans ses livres, Wagner, et comme il s’efforce de la réaliser dans son drame, c’est le théâtre. Ainsi Mallarmé était conduit aussi à une curiosité, même à une doctrine du théâtre.

Au théâtre seulement se célèbre l’office entier, humain, de la poésie. Du lyrisme écrit, fragmenté, du Livre, au lyrisme de la scène idéale, existe la même différence que de la prière particulière à la messe solennelle. Le poète ne peut donc rester indifférent au théâtre : le voilà « très singulièrement sommé au fond d’un exil, incontinent d’aller voir ce qui se passe chez lui, dans son palais[1] ».

Ce qui s’y passait lui parut naturellement négligeable. Il fit à la Revue indépendante une chronique dramatique « pour l’entretien d’un malaise et, connaissant, en raison de certaines lois non satisfaites, que ce n’est plus

  1. Divagations, p. 189