Page:Thibaudet - La Poésie de Stéphane Mallarmé.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IX

Ils pouvaient faire aussi sonner comme un tambour
La servile pitié des races à voix ternes,
Égaux de Prométhée à qui manque un vautour.

Ils pouvaient exciter aussi comme un tambour
La servile pitié de races à voix ternes,
Égaux de Prométhée à qui manque un vautour !

X

Non. Vieux et fréquentant des déserts sans citerne,
Ils marchent sous le fouet d’un squelette rageur,
Le Guignon, dont le rire édentê les prosterne.

Non, vils et fréquentant les déserts sans citerne,
Ils courent sous le fouet d’un monarque rageur,
Le Guignon, dont le rire inoui les prosterne.

XI

S’ils vont, il grimpe en croupe et se fait voyageur,
Puis, le torrent franchi, les plonge en une mare,
Et fait un fou crotté du superbe nageur.

Amants, il saute en croupe à trois, le partageur !
Puis le torrent franchi, vous plonge en une mare
Et laisse un bloc boueux du blanc couple nageur.

XII

Grâce à lui, si l’un chante en son buccin bizarre,
Des enfants nous tordront en un rire obstiné,
Qui, soufflant dans leurs mains, singeront sa fanfare.

Grâce à lui, si l’un souffle à son buccin bizarre,
Des enfants nous tordront en un rire obstiné,
Qui, le poing à leur cul, singeront sa fanfare.

XIII

Grâce à lui, s’ils s’en vont tenter un sein fané
Avec des fleurs par qui l’impureté s’allume,
Des limaces naîtront sur leur bouquet damné.