tion excessive réduit la métaphore à son minimum de place, parfois à un mot (le goût de l’hypallage formait la transition). Chaque vers des sonnets, même chaque mot, est la tranche d’une image sous-jacente ; par horreur précisément du plaqué, Mallarmé ramène à un empilement selon la profondeur ce que le discours métaphorique ordinaire étend en le sens de la longueur
Victorieusement fui le suicide beau,
Tison de gloire, sang par écume, or, tempête
Ô rire si là-bas une pourpre s’apprête
À ne tendre royal que mon absent tombeau
Quel feuillage séché dans les cités sans soir
Votif pourra bénir comme elle se rasseoir
Contre le marbre vainement de Baudelaire
Au voile qui la ceint absente avec frissons
Celle son Ombre même un poison tutélaire
Toujours à respirer si nous en périssons
Nous touchons ici l’hyperbole de l’image poétique, discontinue, rompue, et qui se renouvelle en ses sautes d’arabesques. Rien de cette ambiance, de ces harmoniques littéraires, de toute cette buée de cliché diffus qui, condensée autour d’une image, l’enveloppe, l’accorde au discours suivi, de la même manière que le discours suivi au commun sens. Nous revenons par des voies nouvelles dans le même cercle d’idées : le mot de Théophile Gautier nous permet de mesurer par un jalon visible la distance à laquelle l’art de Mallarmé s’est transporté de l’art logique, plastique, matériel et prosaïque qui était aux origines du Parnasse. Une image de Mallarmé n’est pas résoluble toute, point par point, en éléments visuels. D’ailleurs plus une poésie est pure, plus elle est rebelle à toute forme de traduction. Ses métaphores sont prises dans un mouvement musical, dans une succession de tournants, dans un labyrinthe.