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morts, habitée de leurs cendres, pleine de leurs autels, possédée de la mâle et vigilante inquiétude le notre avenir[1]. »

La mâle vigilante inquiétude de notre avenir.. Les mots ont ici leur poids juste et beau. L’ordre politique monarchique représente dans notre histoire un ordre mâle, dorique, — qui s’abâtardit au XVIIIe siècle dans la sensibilité, dans ce règne féminin, parure et danger de notre culture française. Règne féminin qu’il ne faut pas enfermer dans la seule catégorie du sexe. « Les pires maîtresses du pire des princes, dit l’auteur du Romantisme Féminin, ont toujours été moins funestes que les caprices parlementaires ou dictatoriaux de la souveraineté nationale[2] ». Ces courants d’opinion qui traversent une foule parlementaire ou une foule plébiscitaire, cette nervosité qui afflue sans cesse dans tous leurs mouvements et dans toutes leurs décisions, cette instabilité de leur humeur les relient assez exactement à cet ordre féminin que le politique, en M. Maurras, a poursuivi obstinément chez les romantiques. Il semble que la loi salique garde à la royauté française son sel, son style, analogue à celui que notre littérature classique reçoit de Malherbe, analogue au style que le XVIIe siècle maintient contre l’imagination. La politique révolutionnaire fut un débordement de cette imagination romantique, que la raison française savait auparavant endiguer, canaliser, utiliser. « Politique d’agrandissements inconsidérés et brutaux ou politique des nationalistes en Europe, les deux régimes se valent. Romantisme pur. C’est la force classique, c’est une sorte de politique romaine, imitée du sénat de la ville éternelle, que les souverains de la famille Capétienne ont employée à la formation de la France : ce n’est pas autrement qu’ils sauront travailler à sa rénovation[3]. » On trouvera peut-être que je force ici les rapprochements entre des ordres différents et que je sollicite artificiellement quelques phrases éparses de M. Maurras. Mais M. Lavisse, dans une préface qu’il écrivait il y a une trentaine d’années pour le Saint Empire Romain de Bryce définissait l’œuvre de la monarchie française par les normes mêmes du classicisme français : « La royauté capétienne a une politique transmise de père en fils. Si grande que soit son ambition, si haute l’idée qu’elle a de sa dignité, elle applique ses efforts à des objets peu nombreux et déterminés. Son horizon est étroit : elle se place

  1. Quand les Français ne s’aimaient pas, p. 286.
  2. Enquête, p. 127.
  3. Id., p. 264.