affirmations. D’autre part, l’influence de Claudel s’exerçant fortement sur les catholiques, on ne s’étonnera pas de voir la forme de son verset adoptée par des poètes de sentiment chrétien comme Henriette Charasson.
Il y a cependant une difficulté. Le verset claudélien est une forme très personnelle à son auteur, inventée délibérément par lui, à sa mesure, dans des conditions que lui-même nous a dites. Or si l’imitation et les influences font partie du climat de la poésie, encore est-il nécessaire qu’imitation et influence ne soient pas visibles du dehors et avant même la lecture. La strophe de Mireille et de Calendal portait tellement la marque de l’invention mistralienne, qu’aucun poète d’oc n’a osé la toucher après Mistral. Il en va un peu de même du verset claudélien avec sa grosse signature. Et pourtant, en soi, cet instrument, susceptible d’être heureusement varié selon les tempéraments, paraît de bon usage. Très neuf quand Claudel le créa il y aura bientôt un demi siècle, son fleuve réaliserait aujourd’hui un bon équilibre entre la très large laisse rythmée de Saint John Perse, en estuaire, et ce ruissellement poétique de filets où la génération de 1914 paraît avoir trouvé son instrument moyen.