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II
LES TÉTRARQUES
Les Quatre Maîtres du Parnasse.
Le terme de Parnassiens ayant été trouvé en 1860 par des poètes qui n’ont pas trente ans en 1870, ayant servi de drapeau à une école qui a fleuri dans les vingt premières années de la Troisième République, risque de nous tromper. Ces jeunes poètes étaient en réalité les Épigones des quatre maîtres qu’ils appelaient les Tétrarques : Gautier, Leconte de Lisle, Banville et Baudelaire[1], dont les trois derniers avaient environ trente ans en 1850. Or le mouvement, l’invention, le génie poétique appartiennent aux Tétrarques. La Turba magna des Épigones fait la suite. C’est donc à la génération de 1850 qu’est incorporé réellement ce massif poétique dit du Parnasse, qui n’a été reconnu et nommé que tardivement, et qui prend place entre le romantisme de 1820 et le symbolisme de 1885
Émaux et Camées.
À vrai dire, des Tétrarques, il y en a un, Gautier, qui entre en 1850 d un, Gautier, qui entre en 1850 dans sa quarantième année, qui a abandonné à peu près la poésie pour les travaux du journalisme, et qui a figuré dans l’état-major du romantisme. On ne saurait guère voir dans le Gautier de 1830, d’Albertus et de la Comédie de la Mort, un précurseur de Leconte de Lisle, ni même de Baudelaire. Mais précisément, en 1852, il publie Émaux et Camées, simple plaquette qu’il allait un peu gonfler par la suite. Le titre autant et plus que le contenu sert d’enseigne parlante à une poésie objective et décorative. Le quatrain d’octosyllabes nerveux, cambré, pittoresquement rimé est alors une trouvaille, qui
  1. Baudelaire fait l’objet du chapitre suivant (N. D. E.).