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dire qu’il fût indifférent au bien ou au mal il méprisoit ceux mêmes sur lesquels il étendoit le manteau de l’indulgence il ne les voyoit plus dans le cas où il les eût précédemment admis dans sa société ; ou il ne les voyoit que pour les accabler des marques de son mépris il ne les employoit plus, s’il lui étoit possible ou convenable de s’en passer mais enfin il ne les punissoit ni par l’action des lois, ni par son autorité directe lorsqu’il pouvoit ne pas les punir.

Je dois ajouter, et l’on verra que lorsqu’il ne pouvoit soustraire les coupables à la vindicte publique, il cherchoit au moins à mitiger leur punition autant qu’il étoit possible. Pendant les vingt ans que j’ai vécu dans sa capitale, je ne me rappelle pas que l’on ait exécuté d’autres criminels que des soldats convaincus d’homicides. Dira-t-on que cette sorte d’impunité devoit multiplier les délits, et compromettre la sûreté publique ? Ce seroit tirer une conséquence absolument contraire à la vérité. Le caractère ferme de Frédéric, ses intentions bien connues sa vigilance soutenue et celle qu’il exigeoit de tous les hommes publics, en imposoient sin-