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sauuages. Ombrion. Pline[1] donc en parle en ceste maniere, la premiere est appellée Ombrion, ou n'y a aucun signe de bastiment ou maison : Arbre estrange. es montagnes se voit un estang, et arbres semblables à celui qu'on appelle Ferula, mais blancs et noirs, desquels on épraint et tire eau : des noirs, l'eau est fort amere : et au contraire des blancs, eau plaisante à boire. Iunonia.L'autre est appellée Iunonia, ou il n'y a qu'une maisonnette bastie seulement de pierre. Il s'en voit une autre prochaine, mais moidre et de mesme nom. Une autre est pleine de gràds lesards. Isle de neiges.Vis à vis d'icelles y en auoit une appellée l'isle de neiges, pour ce qu'elle est tousiours couuerte de neiges. Canaria.La prochaine d'icelle est Canaria ainsi dite pour la multitude des gràds chiens qu'elle produit comme desia nous auons dit: dont Iuba Roy de Mauritanie en amena deux et en icelle y a quelque apparence de bastimens vieux. Ce païs anciennement a esté habité de gens[2] sauuages et

  1. Voici le passage de Pline (H.N. vi. 37.). « Primam vocari Ombrion nullis ædificiorum vestigiis : habere in montibus stagnum, arbores similes ferulas, ex quibus aqua exprimatur, ex nigris amara, ex candidioribus potui jucunda. Alteram insulam Junoniam appellari, in ea ædiculam esse tantum lapide exstructam. Ab ea in vicino eodem nomine minorera. Deinde Caprariam, lacertis grandibus refertam. In conspectu earum esse Nivariam quas hoc nomen accepit a perpetua nive nebulosam. Proximam ei Canariam vocari a multitudine canum ingentis magnitudinis ex quibus perducti sunt Jubas duo : apparentque ibi vestigia ædificiorum. »
  2. Les anciens habitants se nommaient les Guanches. C'était un peuple civilisé. Voir Bory De Saint-Vincent. Ouv. cité, p. 46-121. Ils résistèrent avec énergie aux Espagnols qui finirent