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érigé le colosse à Rhodes[1]. Autant se peut dire du Mausolée, nombre entre les sept merueilles du monde et basti par Artemisia en l'honeur et pour l'amitié qu'elle portoit à son mary : autant des pyramides de Memphis, sous lesquelles estoyent inhumez les Roys d'Egypte. D'auantage à l'entrée de la mer maieure[2], Iule Coesar feit dresser une haute colomne de marbre blanc : de laquelle et du colosse de Rhodes, trouuerés les figures en ma Description du Leuant. Quel Hercules a esté, duquel sont nômées ces colonnes. Et pourtant que plusieurs ont esté de ce nom, nous dirons auec Arrian[3] Historiographe, ce Hercules auoir esté celuy que les Tyriens ont celebré : pour ce qu'iceux ont edifié Tartesse[4] à la frontière d'Espagne, où sont les colomnes dont nous avons parlé : Tartesse, ancienne ville d'Afrique. et là un temple à luy consacré et basti à la mode des Pheniciens, avec les sacrifices et cerimonies qui s'y faisoyent le temps passé : aussi a esté nommé le lieu d'Hercules. Ce destroit auiourd'hui est un vray asile et receptacle de larrons, pyrates et escumeurs de mer, côme Turcs, Mores et Barbares[5], ennemis de nostre religion

  1. Sur le colosse de Rhodes, voir Pline. H. N. Liv. xxxiv, §. 18. — C'était réellement une statue coulée en bronze par Charès de Lindos, élève de Lysippe. Rhodes avait encore une centaine d'autres colosses, dont cinq faits par Bryaxis. Voir Lacroix. Iles de la Grèce
  2. Il s'agit ici de la mer noire.
  3. Thevet. Cosmographie universelle. Liv. i, § 4, p. 7.
  4. Arrien. Anabase. n, 16. Tartessus n'a jamais été en Afrique, mais bien en Espagne. Confusion avec Gadès. Voir Strabon. Liv. iii, § I.
  5. Sur les pirateries des Barbaresques à cette époque et dans cette région, on peut consulter Sander Rang et F. Denis.