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Hable[1], selon mon iugement de ce mot Αυλωψ qui signifie mer ou destroict : ou si vous dictes Haure, ab hauriendis aquis, située en Normandie à nostre grand mer et Ocean Gallique, où abandonnans la terre feismes voile, nous acheminans sus ceste grande mer à bon droit appellée Ocean par son impetuosité, de ce mot Οχύς comme veulent aucuns, et totallement soubmis à la mercy et du vent et des ondes.

Superstition des anciens auât de naviguer Ie scay bien qu’en la superstitieuse et abusiue religion des Gentils plusieurs faisoyent vœux, prieres, et sacrifices à diuers dieux, selô que la necessité se présentoit. Dôcques entre ceux qui vouloient faire exercice sur l’eau, aucuns iettoyent au commencement quelque piece de monnoye dedans, par maniere de present et offrande, pour auecques toute congratulation rendre les dieux de la mer propices et fauorables. Les autres attribuans quelque diuinité aux vents, ilz les appaisoient par estranges cerimonies : comme lon trouue les Calabriès auoir faict à Iapix, (vent ainsi nommé) et les Thuriens et Pamphiliens à quelques autres. Ainsi lisons nous en l’Eneide de Virgile (si elle est digne de quelque foy) combien, pour l’importune priere de Iuno vers Eolus Roy des Vêts, le miserable Troïen a enduré sur la mer, et la querelle des Dieux qui en est ensuyuie. Par cela peut on euidemment cognoistre l’erreur et abus, dont estoit aueuglée l’antiquité en son gentillisme dam-

  1. Inutile de faire remarquer l’absurde étymologie donnée par Thevet. Havre est un mot d’origine germanique, une corruption de Hafen, port ou baie.