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pour son vsage : dessus, à fin d’en congnoistre autant qu’il luy estoit necessaire, pour paruenir à ce souuerain bien : luy laissant toutefois quelque difficulté, et varieté d’exercice : autremêt se fust abastardi par vne oisiueté et nôchallance. L’homme donc biê qu’il soit creature merueilleusemêt bien accôplie, si n’est il neâtmoins qu’organe des actes vertueux, desquelz Dieu est la premiere cause : de façon qu’il peut eslire tel instrument qu’il luy plaist, pour executer son dessein, soit par mer ou par terre. Mais il se peut faire, comme lon voit le plus souuèt aduenir, que quelques vns soubs ce pretexte, facent coustume d’en abuser. Le negociateur pour vne auarice et appetit insatiable de quelque biê particulier et temporel, se hazardant indiscretemêt, est autât vituperable, ainsi que tres biê le reprêd Horace en ses Epistres, côme celuy est louable, qui pour l’embellissement et illustration de son esprit, et en faueur du bien public, s’expose libremêt à toute difficulté. Ceste methode a bien sceu pratiquer le sage Socrates, et apres luy Platon son disciple, lesquels non seulemêt ont esté contens d’auoir voyagé en païs estranges, pour acquerir le comble de philosophie, mais aussi pour la communiquer au public, sans espoir d’aucun loyer ne recôpense. Cicerô n’a il pas enuoyé son fils Marc à Athenes, pour en partie ouyr Cratippus en Philo-