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  Ne s’esbahist, quoy que la pene,
Que la rudesse du labeur
Cassent son corps, ains d’vne halene
Forte, attend le temps, qui donneur
D’années riches, luy remplisse
Ses granges, et luy parfournisse
L’attente d’un esperé heur.

  Ainsi ta plume qui nous chante
Les meurs, les peuples du Leuant,
Du passé point ne se contente,
Quoy qu’elle ait espandu le vent
D’vne gloire immortalisée,
D’vne memoire eternisée,
Qui court du Leuant au Ponent.

Car encor que l’antique Thrace,
Que l’Arabe riche ayes veu,
Que d’Asie la terre grasse,
D’Egypte les merueilles sceu :
Encor que ta plume diuine
Nous ait descrit la Palestine,
Et que de ce son loz ait eu :

  Toutesfois ce desir d’entendre
Le plus exquis de l’vniuers,
A fait ton vol plus loing estendre :
Luy a fait voir de plus diuers,
Tant peuples, que leurs païsages,
Hommes nuds allans, et Sauuages,
Iusque icy de nul decouuers.