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Des moissons de ton labourage,
Quand fauoriser tu verrois
Aux Dieux, aux hommes et aux Roys
Et ton voyage et ton ouurage.

Car si encor nous estimons
De ceux la les superbes noms,
Qui dans leur grand Argon ozerent
Asseruir Neptune au fardeau,
Et qui maugré l’ire de l’eau
Iusque dans le Phase voguerent :
Si pour auoir veu tant de lieux
Vlysse est presque entre les Dieux,
Combien plus ton voyage t’orne,
Quand passant soubs le Capricorne
As veu ce qui eust fait pleurer
Alexandre ? si honnorer
Lon doit Ptolomée en ses œuures
Qu’est ce qui ne t’honoreroit
Qui cela que l’autre ignoroit
Tant heureusement nous descoeuures ?

  Mais le ciel par nous irrité,
Semble d’vn œil tant dépité
Regarder nostre ingrate France.
Les petits sont tant abrutis,
Et les plus grands qui des petits
Sont la lumiere et la puissance
S’empeschent tousiours tellement
En vn trompeur accroissement,
Que veu que rien ne leur peut plaire,
Que ce qui peut plus grands les faire,