forme d’un gros noyer de deça, lequel a demeuré longtemps inutile, et sans estre congnu, Suc dudit arbre ayant goust de vin. iusques à tant que quelcun le voulant coupper en saillit un suc, lequel fut trouvé d’autant bon goust, et delicat, que le bon vin d’Orleans, ou de Beaune : mesmes fut ainsi iugé par noz gens qui lors en firent l’experience : c’est à sçauoir le Capitaine, et autres gentils homes de sa compagnie, et recueillirent de ce ius sur l’heure de quatre à cinq grands pots. Ie vous laisse à penser, si depuis ces Canadiens afriandez à ceste liqueur, ne gardent pas cest arbre cherement, pour leur bruuage, puisqu’il est ainsi excellent. Couton arbre. Cest arbre, en leur langue est appellé Couton. Une autre chose quasi incredible est, qui ne l’auroit veüe. Ceps de vigne naturels en Canada. Il se trouue en Canada plusieurs lieux et contrées, qui portent tres beaux ceps de vigne[1], du seul naturel de la terre, sans culture,
- ↑ On sait que les Norvégiens, quand ils débarquèrent en Amérique au Xe siècle de l’ère chrétienne, y trouvèrent des vignes en telle abondance, qu’ils donnèrent au pays le nom de Vinland. Voir Gravier. Découverte de l’Amérique par les Normands. — Rafn. Antiquitates Americanæ, etc. Cartier (Second voyage. § iii.) « Etant à ladite île (il s’agit de l’île d’Orléans dans le Saint Laurent), nous la trouuames pleine de fort beaux arbres… et pareillement nous y trouuames force vignes, ce que nous auions vu par ci-deuant en toute la terre. Et pour cela, nous la nommames l’île de Bacchus. » Les missionnaires essayèrent plus tard de faire du vin avec les raisins du pays. On, lit dans Sagard (§ 9) : « Il fut tres bon et boullut en nostre petit baril et en deux autres bouteilles que nous auions ; de mesme qu’il eust pu faire en de plus grands vaisseaux, et si nous en eussions encore eu d’autres, il y auoit moyen d’en faire une assez bonne prouision, pour la grande quantité de vignes et de raisins, qui sont en ce païs là. »