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CHAPITRE LXXX.

Des mines, pierreries, et autres singularitez qui se trouuent en Canada.


Bâti du païs de Canada. Le païs et terrouer de Canada, est beau et bien situé, et de soy très bon, hormis l’intemperature du ciel, qui le defauorise : comme pouuez aysément coniecturer. Il porte plusieurs arbres et fruits, dont nous n’auons la cognoissance par deçà. Entre lesquels y a un arbre[1] de la grosseur et

  1. Cet arbre est une espèce particulière de hêtre. Sagard (§ 9) en parle en ces termes : « Si au temps que les bois estoient en seue, nous auions quelque indisposition ou debilité du cœur, on faisoit une fente dans l’escorce de quelques gros fouteau, et auec une escuelle on amassoit la liqueur qui en distilloit, qu’on beuuoit comme un remede de bien peu d’effect, et qui affadit plus tost qu’il ne fortifie, mais on se sert de tout où la necessité contrainct. » — Thevet. Cosmographie universelle. P. 1014 : « Le capitaine Iaques Cartier auec lequel me suis tenu cinq mois, en sa maison à Sainct Malo en Bretaigne, et autres capitaines et gentils hommes dignes de foy, mesmes un chanoine de la ville d’Angers qui assista à l’ambarquement, m’asseurerent tous la chose estre véritable. Les Canadeês n’oubliront pas l’excellence de ceste liqueur, et se souuiendront tousiours de ceux qui en trouuerent l’usage. »