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couppoient bras et iambes à quelques uns de ces pauures gens, seulemêt disoient-ils pour essayer, si leurs espées trenchoient bien, nonobstàt que ces pauures Barbares les eussent receu humainement, auecques toute douceur et amytié. Et par ainsi depuis n’ont permis aucuns Chrestiens aborder et mettre pié à terre en leurs riuages et limites, ne faire traffique quelcôque comme depuis lon a bien congneu par experience.

Or pour n’elongner dauantage de nostre propos, Côme les Canadiens marchêt en guerre. ces Canadiens marchent en guerre quatre à quatre, faisans, quand ils se voyent, ou approchent les uns des autres, cris et hurlemens merueilleux et espouuentables (ainsi qu’auons dit des Amazones[1]) pour donner terreur, et espouenter leurs ennemis. Ils portent force enseignes, faites de branches de boulleaux, enrichies de pennages et plumages de cygnes. Façon de leurs tabourins, et côme ils les portent. Leurs tabourins sont de certaines peaux tendues et bendées en maniere d’une herse, où lon fait le parchemin, portées par deux homes de chacun costé, et un autre estât derriere frappant à deux bastons le plus impetueusement qu’il luy est possible. Leurs flustes sont faites d’os de iambes de cerf, ou autre sauuagine. Maniere de leur combat. Ainsi se combatent ces Canadiens à coups de fleches[2],

  1. Voir plus haut, § liii.
  2. Sagard (§ 27) a décrit tout au long les armes et les usages guerriers des Canadiens. « Ils n’ont pour toutes armes que la masse, l’arc et les fleches, lesquelles ils empannent de plumes d’aigles, comme les meilleures de toutes, et à faute d’icelles ils y en accommodent d’autres. Ils y appliquent aussi fort proprement des pierres tranchantes collées au bois, auec une colle de