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rope. Reste à parler comme ils portent les cheueux, c’est à sçauoir autrement que les Amériques. Manière des Canadiês à porter leurs cheueux. Tant hommes que femmes[1] portent les cheueux noirs, fort longs, et y a ceste différence seulement, que les hommes ont les cheueux troussez sur la teste, comme une queue de cheual, auec cheuilles de bois à trauers : et là dessus une peau de tygre, d’ours, ou autres bestes : tellement qu’à les voir accoustrez en telle sorte, Ion les iugeroit ainsi déguisez vouloir entrer en un théâtre, ressemblans mieux aux portraits d’Hercules, que faisoient pour récréation les anciens Romains, et comme nous le peignons encores auiourd’huy, qu’à autre chose. Martres Zebelines. Les autres se ceignent et enueloppent la teste de martres zebelines, ainsi appelées du nom de la religion[2] située au Nort, où cest animal est frequent : lesquelles nous estimons précieuses par deçà pour la rarité, et pour ce telles peaux sont reseruées pour l’ornement des Princes et grands Seigneurs, ayans la beauté coniointe auec la rarité. Les hommes ne portent aucune barbe[3], nô plus que

  1. Lescarbot. vi, 9. « Quant à ce qui est de l’habillement de tête, nul des Sauuages n’en porte : ains portent les cheueux battans sur les épaules tant hommes que femmes sans estre nouez, ny attachez sinon que les hommes en lient un trousseau au sommet de la teste de la longueur de quatre doits, auec une bende de cuir : ce qu’ils laissent pendre par derrière… Pour euiter l’empêchement que cela leur apporteroit, ils les troussent comme noz palfreniers font la queue d’un cheual, et y fichent les hommes quelque plume qui leur aggrée, et les femmes une aiguille à trois pointes. »
  2. Sic pour region.
  3. Nous lisons dans Lescarbot. Nouvelle France, vi, 10. « La