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senter ce mien discours, du lointain voyage fait en l’Inde Amerique (autrement, de nous nommée la France Antarctique, pour estre partie peuplée, partie decouuerte, par noz Pilottes,) terre, qui pour le iourd’huy se peut dire la quatrieme partie du monde, non tant pour l’elongnemêt de nos orizons, que pour la diuersité du naturel des animaux, et temperature du ciel de la contrée : aussi pource que aucun n’en a fait iusques icy la recherche, cuidans tous Cosmographes (voire se persuadans) que le monde fut limité en ce que les Anciens nous auoient descrit. Et iaçoit que la chose me semble de soy trop petite, pour estre offerte deuant les yeux de vostre Seigneurie, toutefois la grâdeur de vostre nom fera agrandir la petitesse de mon œuure : veu mesmement que ie m’asseure tant de vostre naïfue douceur, vertu et desir d’ouïr choses admirables, que facilement vous iugerez mon intention ne tendre ailleurs, qu’à vous faire congnoistre, que ie n’ay plaisir, qu’à vous offrir chose, de laquelle vous puissiez tirer et receuoir quelque côtentemêt, et où quelquefois vous trouuiez relasche de ces grands et ennuyeux soucis, qui s’offrent en ce degré, que vous tenez. Car qui est l’esprit si côstant, qui quelquefois ne se fasche, voire se consume en vacquant sans interualle, aux affaires graues du gouuernement d’vne republique ? Certes, tout ainsi que quel-