Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/478

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Ameriques, desquels auons ia parlé. De leur religion, ils ne tiennent aucune methode ne ceremonie de reuerer ou prier Dieu, Osannaba. sinon qu’ils contemplent le nouueau croissant, appelé en leur lâgue Osannaba, disans que Andouagni l’appelle ainsi, puis l’enuoye peu à peu, qu’elle auance et retarde les eaux. Au reste, ils croyêt tresbien qu’il y a un Createur plus grâd que le Soleil, la Lune, ne les Estoilles, et qui tient tout en sa puissance : Andouagni, dieu des Canadiens. et est celuy qu’ils appellêt Andouagni[1], sans auoir toutefois forme, ne aucune methode de le prier : combien qu’en aucune region de Canada ils adorent des idoles[2], et en aurôt aucunefois de telles en leurs loges, quarâte ou cinquante, comme veritablement m’a recité un pillot Portugais, lequel visita deux ou trois villages, et les loges où

    excuse : « Les ieunes hommes qui ne se veulent point marier, ni obliger à une femme, tiennent ordinairement des filles à pot et à feu, qui leur seruent en la mesme maniere que s’ils en estoient les marys, il n’y a que le seul nom de différence, car ils ne les appellent point Atenouha femme, ains Asqua, compagne ou concubine… sans ceste licence de chercher amis, ie croy que beaucoup de filles resteroient vierges et sans marys, pour estre le nombre plus grand que celuy des hommes à mon advis : il en est de mesme en France, où les guerres consomment une infinité d’hommes. » Cf. Lescarbot. Histoire de la Nouvelle France. vi. 13.

  1. Le nom de cette divinité supérieure variait : tantôt Cudoûagni, tantôt Youskeka. Voir Sagard. Ouv. cité. § 30. — Lescarbot. vi, 5. — Champlain. iii, 11.
  2. Lescarbot affirme pourtant (vi, 5) que les Canadiens n’ont pas d’idoles : « le ne trouve sinon les Virginiens qui facent quelque service divin. Ils représentent leurs Dieux en forme d’hommes, lesquels ils appellent Kevuasovuok. »