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nomment l’Abaye de chaleur[1], où il se trouue de tresbon poisson et en abondance, principalemêt des saulmons. Alors ils traffiquerent en plusieurs lieux circonuoisins, c’est à sçauoir les nostres de haches, cousteaux, hains à pescher, et autres hardes, contre peaux de cerfs, loutres, et autres sauuagines, dont ils ont abondance. Les Barbares de ce païs leur firent bien bon accueil, se monstrant bien affectionnez enuers eux, et ioyeux de telle venue, congnoissance, et amytié pratiquée et conceue les uns auecques les autres. Apres ce fait, passans outre, trouuerent autres peuples, presque contraires aux premiers, tant en langue que manière de vinre : Chelogua, fleuue. et disoient estre descendus du grâd fleuue de Chelogua[2], pour aller faire la guerre aux premiers voisins. Ce que puis après le capitaine Quartier a sceu, et véritablement entendu, par eux mesmes, d’une de leurs barques, qu’il prit auec sept hommes[3] : dont il retint deux, qu’il amena en France au Roy : lesquels il ramena à sa seconde

  1. Voici le passage de la relation de Cartier (D’après Charton. Voyageurs anciens et modernes, iv, 17) : « Le pays est plus chaud que n’est l’Espagne, et le plus beau qu’il est possible de voir, tout égal et uni, et il n’y a lieu si petit où il n’y ait des arbres… Il y a grande abondance de saumons : nous appelâmes ce golfe, golfe de la Chaleur. » Le nom s’est conservé : La baie des Chaleurs.
  2. Cartier n’a jamais désigné ce fleuve que sous le nom de Hochelagua.
  3. La relation de Cartier ne mentionne que cinq hommes. Quant aux deux Canadiens qui partirent avec Cartier, et revinrent à son second voyage, ils se nommaient Taiguragui et Domagaya. Ils lui rendirent de grands services.