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maistres, les posent dans certains grands veisseaux, lesquels estâs à demy pleins d’eau, sont cause que les huitres, conservées là quelques iours, s’ouurent : et l’eau les nettoyât laissent ces pierres ou perles dans leurs veisseaux. La forme de les en tirer est telle : ils ostent premierement les huitres du veisseau, puis font couler l’eau par un trou, soubs lequel est mis un drap ou linge, à fin qu’auec l’eau les perles qui pourroient y estre ne s’ecoulent. Quant à la figure de ces huitres, elle est moult differente des nostres, tant en couleur, que escaille, ayans chascune d’elles, certains petits trous que lon pourroit iuger auoir esté faits artificiellement, là où sont comme liées ces petites perles par le dedans. Voila ce que i’ay bien voulu vous declarer en passant. D’icelles aussi s’en trouue au Peru, et quelques autres pierres en bon nombre : mais les plus fines se trouuent à la riuiere de Palme, et à celle de Panuco, qui sont distantes l’une de l’autre trente deux lieues : mais ils n’ont liberté d’en pescher, à cause des Sauuages qui ne sont encores tous reduits, adorans les creatures celestes, et attribuant la diuinité à la respiration, côme faisoiêt ceux qui passerent ensemble plusieurs peuples des Scithes et Medes. Costoyans donc à senestre la Floride pour le vent qui nous fut contraire, approchasmes fort pres de Canada, Pays de Baccalos. et d’une autre contrée que lon appelle Baccalos, à nostre grand regret toutefois et desauantage pour l’excessiue froidure, qui nous molesta l’espace de dix huit iours : combien que ceste terre de Baccalos[1] entre fort auant en pleine mer du

  1. Thevet veut parler du Labrador.