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l’an mil cinq cens douze, par ceux qui la decouurirêt premièrement, pour ce qu’elle estoit toute verdoyante, et garnie de fleurs d’infinies espèces et couleurs. Toreau saunage. Entre ceste Floride et la riuiere de Palme se trouuent diuerses espèces de bestes monstrueuses[1] : entre lesquels on peut voir une espèce de grands taureaux, portons cornes longues seulement d’un pied, et sur le dos une tumeur ou eminence côme un chameau : le poil long par tout le corps, duquel la couleur s’approche fort du poil d’une mule fauue, et encores plus l’est celuy qui est dessoubs le mentô. Lon en amena une fois deux tous vifs en Espagne, de l’un desquels i’ay veu la peau et non autre chose, et n’y peuuent viure long temps. Cest animal ainsi que lon dit, est perpetuel ennemy du cheual, et ne le peut endurer près de luy. Cap de Baxe. De la Floride tirant au promontoire de Baxe[2], se trouue quelque petite riuiere, où les esclaues vont pescher huitres, qui portent perles. Huitres portans perles. Or depuis que sommes venus iusques là, que de toucher la collection des huitres, ne veux oublier par quel moyen les perles en sont tirées, tant aux Indes Orientales que Occidentales, il faut noter que chacun chef de famille ayant grand troupe d’esclaues, ne sçachant en quoy mieux les employer, les enuoyent à la marine, pour pescher (comme dit est) huitres, desquelles en portans pleines hottées, chez leurs

  1. Il s’agit du bison. Thevet en a donné une représentation assez exacte dans la planche qui accompagne sa description.
  2. Le cap de Baxe ou Baixos se retrouve dans l’Atlas d’Ortelius au sud du Labrador. Il parait correspondre au cap Whittle actuel.