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œuf, comme fait la balene, et le loup marin : aussi elles ont deux tetins côme les bestes terrestres, auec lesquels sont alaités leurs petis.

Un Espagnol qui a demeuré long temps en ceste isle m’a affermé qu’un Seigneur en auoit neurri un l’espace de trente ans en un estang, lequel par succession de têps deuint si familier et priué, qu’il se laissoit presque mettre la main sur luy. Les Sauuages prennêt ce poisson communement assez pres de la terre, ainsi qu’il plaist de l’herbe. Diuers ouurages faits de plumes d’oiseaux par les Sauuages. Ie laisse à parler du nombre des beau oyseaux vestuz de diuers et riches pennages, dont ils font tapisseries[1] figurées d’hômes, de femmes, bestes, oyseaux, arbres, fruits, sans y appliquer autre chose que ces plumes naturellement embellies et diuersifiées de couleurs : bien est vray qu’ils les appliquent sus quelque linceul. Les autres en garnissent chapeaux, bonnets, et robes, choses fort plaisantes à la veue. Des bestes estrâges à quatre pieds ne s’en trouue point, sinon celles que nous auôs dit : Hulias et Caris especes de bestes estrâges. Isle de Saint Iaques. bien se trouuent deux autres especes d’animaux, petis côme connins, qu’ils appellent, Hulias[2], et autres Caris, bons à mâger. Ce que i’ay dit de ceste isle, autant puis ie le dire de l’isle Saint Iaques, parauant nommée Iamaïca : elle tient à la part du Leuât l’isle de Saint Dominique. Il y a une

  1. F. Denis. (De arte plumaria) citant un mémoire inédit de M. Angrand sur Le rôle symbolique des ornements en plumes chez les anciens Américains.
  2. Ces mots ne se trouvent pas dans le dictionnaire caraïbe de Rochefort. Thevet a peut-être voulu parler du coati.