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les bois iour et nuit, sans les pouuoir tirer ne heberger aux maisons. Et pour les prendre sont contrains de les courir, et user de quelques ruses, comme à prêdre les cerfs et autres bestes sauuages par deça. Blé et vin en nul usage aux païs occidentaux. Le blé, comme i’ay entêdu, ne peut proffiter tant es isles que terre ferme du Peru, non plus qu’en l’Amerique. Cassade sorte d’aliment. Parquoy tant gentilshommes qu’autres viuêt d’une maniere d’alimêt, qu’ils appellent Cassade[1], qui est une sorte de torteaux, faits de une racine, nômée Manihot. Au reste ils ont abôdance de mil et de poisson. Quant au vin il n’y en croist aucunement, au lieu duquel ils font certains bruuages. Le Peru estimé à present quasi une autre Europe. Voilà quant à la continente du Peru, lequel auec ses isles, dont nous parlerons cy apres, est remis en telle forme, qu’à present y trouuerez villes, chasteaux, citez, bourgades, maisons, villes episcopales, republiques, et toute autre maniere de viure, que vous iugeriez estre une autre Europe. Nous congnoissons par cela combien est grande la puissance et bonté de nostre Dieu, et sa prouidence envers le genre humain : car autant que les Turcs, Mores, et Barbares, ennemis de verité, s’efforcent d’anéantir et destruire nostre religion, de tant plus elle se renforce, augmente, et multiplie d’autre costé. Voila du Peru, lequel à nostre retour auons costoyé à senestre, tout ainsi qu’en allant auons costoyé l’Afrique.

  1. Cassade ou plutôt cassave.