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côfine du costé de Leuant aux montagnes des Andes et du Ponent aux montagnes des Nauados. Le peuple de ceste contrée, nommée en leur langue Xuli, Chilane, Acos, Pornata, Cepita, et Trianguanacho[1], combien qu’il soit sauuage et barbare, est tontesfois fort docile[2], à cause de la marchandise et traffique qui se mene là, autrement ne seroit moins rude que les autres de l’Amerique. Titicata lac. En ceste contrée y a un grand lac, nommé en leur langue Titicata[3], qui est à dire isle de plumes : pour ce qu’en ce lac y a quelques petites isles, esquelles se trouue si grand nôbre d’oyseaux de toutes grandeurs et especes, que c’est chose presque incroyable. Carcas, côtrêe du Peru. Reste à parler de la derniere contrée de ce Peru nommée Carcas[4], voisine de Chile, Plate, cité riche et ample. en laquelle est située la belle et riche cité de Plate[5], le païs fort riche pour les belles riuieres, mines d’or et d’argêt. Dôques ce grand païs et

  1. Ces noms ont éprouvé de singulières modifications depuis Thevet. On retrouve pourtant encore celui de Tiahuanaco dans le Haut Pérou. Consulter à ce propos l’excellent travail de M. Angrand sur les ruines de cette cité.
  2. Cette docilité de Péruviens ne tenait pas uniquement au commerce. Elle avait encore pour cause la législation des Incas, très minutieuse et encore plus rigoureuse. Cf. Wiener. Les institutions des Incas.
  3. Le vrai nom du lac est Titicaca. Ce lac a été récemment visité et décrit par M. Paul Marcoy. (Tour du Monde. n° 852, 3, 4.) Le nombre des îles qu’il renferme est très considérable, et toutes ces îles ont encore une énorme population d’oiseaux, surtout des grèbes.
  4. Sans doute Caracas, mais Caracas est bien éloigné du Chili.
  5. Aujourd’hui Chuquisaca, en Bolivie.