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Nous voyons en nostre Europe combien les Romains au commencemêt voulans amplifier leur Empire, voire d’un si peu de terre, au regard de ce qui a esté fait depuis soixante ans en ça, ont espandu de sang, tant d’eux que de leurs ennemis. Quelles furies, et horribles dissipations de loix, disciplines et honnestes façons de viure ont regné par l’uniuers, sans les guerres ciuiles de Sylla et Marius, Cinna et de Pôpée, de Brutus, d’Antoine et d’Auguste, plus dommageables que les autres ? Aussi s’en est ensuyuie la ruine de l’Italie par les Gots, Huns et Wandales, qui mesmes ont enuahi l’Asie, et dissipé l’Empire des Grecs. Auquel propos Ouide semble auoir parlé :

Or voyons nous toutes choses tourner,
Et maintenant un peuple dominer,
Qui n’estoit rien : et celui qui puissance.
Auoit en tout, lui faire obeissance.

Conclusion que toutes choses humaines sont subiectes à mutation, plus ou moins difficiles, selon qu’elles sont plus grandes ou plus petites.