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envoiay, écrit-il, à ce docte allemand Gesnerus, confesse l’auoir reçu de moy, sans user d’ingratitude comme plusieurs autres ont fait de mon temps, s’es servi de mes labeurs[1]. »

Le plus impudent et, pour Thevet, le plus regrettable de ces plagiats, fut commis par Jean Nicot de Villemain, ambassadeur de France en Portugal. Ce diplomate passe pour avoir introduit le tabac en France. Il reçut, il est vrai, d’un négociant flamand qui revenait d’Amérique, des graines de cette précieuse solanée, et les donna comme un présent de grande valeur, à la régente Catherine de Médicis, au grand prieur, et à plusieurs grands personnages. Mais Thevet, bien avant lui, avait observé et décrit le tabac. Bien avant lui, en avait apporté des plants en France : nous ne pouvons que renvoyer le lecteur au chapitre XXXII du présent ouvrage, où il trouvera la description très complète et fort exacte du tabac. Dès 1558, Thevet avait donc fait connaître le tabac à ses ingrats compatriotes : il considérait même comme un titre d’honneur pour lui d’avoir introduit cette plante en France et, dans sa Cosmographie universelle[2], il eut grand soir de protester contre les prétentions de Jean Nicot. Le

  1. Cosmographie universelle. I, 27.
  2. Cosmographie universelle. T. II. P. 926.