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que la chose, pour lors le requeroit, et qu’il estoit necessaire pour le contentement de l’esprit, tant du lieu, que des choses y contenues : il ne fut question que de regarder l’opportunité, et moyen de nostre retour[1], puis qu’autrement n’auions deliberé y faire plus longue demeure. Retour de l’autheur de l’Amerique. Donques soubs la conduite de monsieur de Bois-le-conte, capitaine des nauires du Roy, en la France Antarctique, homme magnanime[2], et autant bien appris au fait de la marine, outre plusieurs autres vertus, comme si toute sa vie en auoit fait exercice. Primes donc nostre chemin tout au contraire de celuy par lequel estions venus, à cause des vents qui sont propres pour le retour : et ne faut aucunement doubter que le retour ne soit plus lôg que l’allée de plus de quatre ou cinq cens lieues, et plus difficile. Ainsi le dernier iour de ianuier[3] à quatre heures du matin, embarquez auec ceux qui ramenoyêt les nauires par deça, feimes voile, saillans de ceste

  1. Léry, qui, dans l’Histoire de son voyage au Brésil, se moque de Thevet et affirme qu’il n’a pas eu le temps de voir tout ce qu’il décrit, pourrait donc avoir raison quand il prétend que Thevet raconte ce qu’il n’a pu apprendre au Brésil, et que par conséquent ses récits ne méritent qu’une créance médiocre.
  2. Bois-le-Conte, tellement vanté par Thevet, paraît n’avoir été qu’un piètre personnage. Sans parler des écrivains protestants qui, de parti pris, le traînent dans la boue, les auteurs catholiques eux-mêmes n’ont pour lui qu’une très-mince estime.
  3. Janvier, 1556. Thevet n’est donc resté que quelques mois au Brésil, et Léry a grandement raison, dans la préface de son livre, d’attaquer sa véracité, toutes les fois qu’il se donne comme témoin de faits qui ne se passèrent qu’après son retour en Europe.