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gros comme la teste d’un homme, dont plusieurs mangent auec chair et poisson, les femmes principalement. En outre ils meslent quelquefois de l’espice auecques leur farine, non puluerisée, mais ainsi qu’ils l’ont cueillie. Farine de poisson. Ils font encore farine de poisson[1] fort seche, tres bonne à manger auec ie ne sçay quelle mixtion qu’ils sçauent faire. Nenuphar, espece de chou. Ie ne veux icy oublier une maniere de choux ressemblas presque ces herbes larges sur les riuieres, que lon appelle Nenuphar, auec une autre espece d’herbe portant fueilles telles que noz ronces, et croissent tout de la sorte de grosses ronses piquantes. Peno-absou, arbre. Reste à parler d’un arbre, qu’ils nomment en leur langue Peno-absou. Cest arbre porte son fruit gros comme une grosse pomme, rond à la semblance d’un esteuf : lequel tant s’en faut qu’il soit bon à manger, que plustost est dangereux comme venin. Ce fruit porte dedans six noix de la sorte de noz amàdes, mais un peu plus larges et plus plates : en chacune desquelles y a un noyau, lequel (comme ils afferment) est merueilleusement propre pour guerir playes : aussi en usent les Sauuages, quand ils ont esté blessez en guerre de coups de flesches, ou autrement, l’en ay apporté quelque quantité à mon retour par deça, que i’ay departy à mes amis. La maniere d’en user est telle, fis tirent certaine huile toute rousse de ce noyau apres estre pilé, qu’ils appliquent sus la partie offensée. L’escorce de cest

  1. Léry. § x. « Ainsi font-ils de poissons, desquels mesme quand ils ont grande quantité après qu’ils sont bien secs, ils en font de la farine. »