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separoient par certaines bornes et limites : et des lors commença entre les hommes l’estat populaire et des Republiques. Labourage des Sauuages. Et ainsi ont appris noz Sauuages à labourer la terre, non auecques beufs, ou autres bestes domestiques, soit lanigeres ou d’autres especes que nous auons de par deça : car ils n’ê ont point, mais auec la sueur et labeur de leurs corps, côme lon fait en d’autres prouinces. Toutesfois ce qu’ils labourent est bien peu, comme quelques iardins loing de leurs maisons et village enuiron de deux ou trois lieues, où ils sement du mil seulement pour tout grain : mais bien plantent quelques racines. Ce qu’ils recueillent deux fois l’an, à Noël, qui est leur esté, quand le Soleil est au Capricorne : et à la Pêtecoste. Mil blâc et noir. Ce mil dôc est gros comme pois communs, blanc et noir[1] : l’herbe qui le porte, est grande en façon de roseaux marins. Or la façon de leurs iardins est telle. Apres auoir coupé sept ou huit arpês de bois, ne laissans rien que le pié, à la hauteur parauenture d’un homme, ils mettent le feu[2] dedans pour bruler et bois et herbe à l’entour, et le tout c’est en plat païs. Ils grattent la terre auec certains instrumens de bois, ou de fer, depuis qu’ils en ont eu congnoissance : puis les femmes plantent ce mil et racines, qu’ils appellent

  1. Léry. § ix.
  2. Ce procédé primitif est encore pratiqué par presque tous les peuples sauvages. D’après Hans Staden (P. 251), « les Brésiliens commencent par abattre les arbres et par les laisser sécher pendant deux ou trois mois, puis ils y mettent le feu, les laissent brûler sur place, et plantent ensuite dans le champ la racine qui leur sert de nourriture. »