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au cap blanc, spécialement celuy deuers la pointe Sainte Hélène, distâte de lariuiere soixâte cinq lieues : et de là aux Arènes gourdes trente lieues : puis encore de là aux Basses à l’autre terre ainsi nommée Basses, pour les grades valées qui y sont. Et de Terre basse à l’abbaïe de Fonde, septante cinq lieues. Le reste du païs n’a point esté fréquenté des Chrestiens, tirant iusques au Cap de Saint Dominique, au Cap Blanc, et de là au promontoire des unze mille vierges, cinquante deux degrez et demy outre l’equinoctial : et là près est le détroit de Magellan, duquel nous parlerons cy après. Quant au plat païs il est de présent fort beau par une infinité de iardinages, fontaines, et riuieres d’eau douce, ausquelles se trouue abondâce de tresbon poisson. Saricouienne, animal amphibie. Et sont les dittes riuieres fréquentées d’une espèce de beste, que les Sauuages nommêt en leur langue Saricouienne[1], qui vaut autant à dire côme beste friande. De fait c’est un animal amphibie, demeurât plus dàs l’eau que dans terre, et n’est pas plus grâd qu’un petit chat. Sa peau qui est maillée de gris, blâc, et noir, est fine comme veloux : ses pieds estants faits à la semblâce de ceux d’un oyseau de riuiere. Au reste sa chair est fort délicate et tresbonne à manger. En ce païs se trouuêt autres bestes fort estranges et môstrueuses en la part tirant au détroit, mais non si cruelles qu’en Afrique. Et

  1. C’est la sarigue, mammifère de l’ordre des marsupiaux dont la femelle a sous le ventre une espèce de poche dans laquelle elle porte ses petits. En brésilien : Carigueya. Voir Léry § x. — Gandavo. Santa Cruz. P. 75.