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à quoy depuis ils n’ont si diligêment vaqué, s’ocupans à chose meilleure, apres auoir trouué mine d’argêt. Fertilité de Morpion. Ce lieu porte grâd quâtité de bôs fruits, desquels ils font côfitures à leur mode, Nanas. et principalemêt d’un fruit nômé Nanas[1], duquel i’ay parlé autre part. Entre ces arbres et fruits ie reciteray un nômé en leur langue Cohyne[2], portant fruit comme une moyenne citrouille, les feuilles semblables à celles de laurier : au reste le fruit faict en forme d’un œuf d’autruche. Il n’est bon à manger, toutes fois plaisant à voir, quand l’arbre en est ainsi chargé. Les Sauuages en outre qu’ils en font vaisseau à boire, ils en font certain mystere, le plus estrâge qu’il est possible. Ils emplissent[3] ce fruit apres estre creusé, de quelques graines, de mil ou autres, puis auec un baston fiché en terre d’un bout, et de l’autre dedans ce fruict, enrichy tout à l’entour de beaux plumages, le vous tiennent ainsi en leur

  1. On a reconnu l’ananas. Cf. Thevet. Cosm. univ. P. 936. Gandavo. Santa Cruz. P. 57. — Léry. § xiii.
  2. Léry § {{sc|xiii}. « L’arbre que les sauvages appellent choyne est de moyenne grandeur, a les feuilles presque de la façon et aussi vertes que celles du laurier : et porte un fruict aussi gros que la teste d’un enfant, lequel est de forme comme un œuf d’austruche. »
  3. C’est ce que les Brésiliens nommaient le maraca. Hans Staden (P. 283) appelle encore cet instrument tammarakas, mais sa description concorde avec celle de Thevet. Cf. Léry. § xvi. Les maracas sont encore usités dans l’Amérique méridionale. Spix et Martius les ont retrouvés chez les Caropos, les Coroados et autres Brésiliens ; mais ce ne sont plus que des morceaux d’écaille remplis de maïs, qui rendent un bruit pareil à celui des castagnettes.