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CHAPITRE L.

D’un arbre nommé Hyuourahé.


Ie ne voudrais aucunement laisser en arrière, pour son excellence et singularité, Hyuourahé, arbre. un arbre nommé des sauuages Hyuourahé, qui vaut autât à dire, comme, chose rare. Cest arbre est de haute stature, ayant l’escorce argentine, et au dedans demye rouge. Il a quasi le goust de sel, ou comme bois de réglisse, ainsi que i’ay plusieurs fois experimenté. L’escorce de c’est arbre a une merueilleuse proprieté entre toutes les autres, aussi est en telle reputation vers les sauuages, comme le bois de Gaiac par deça : mesmes qu’aucûs estiment estre vray Gaiac, ce que toutefois ie n’approuue : car ce n’est pas à dire, que tout ce qui a mesme propriété que le Gaiac, soit neâtmoins Gaiac. Nonobstant ils s’en seruent au lieu de Gaiac, i’entêds des Chrestiens, car les sauuages ne sont tant subiets à ceste maladie commune, de laquelle parlerons plus amplement autre part. Usage de l’escorce de cest arbre. La maniere d’en user est telle : L’on prend quelque quâtité de ceste escorce) laquelle rend du laict quand elle est recentement separée d’auec le bois : laquelle couppée par petis morceaux font boulir en eau l’espace de trois ou quatre heures, iusques à tant que ceste decoction deuient colorée, comme un clairet. Et de ce