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resueries, dont leur cerueau est perfumé. Et n’ont autre raison, sinon que leur grâd Charaïbe leur a fait ainsi entendre : aussi que leurs Pages et médecins le défendent. Ils vous ferôt cuire[1] leur venaison par pièces, mais auec la peau : et après qu’elle est cuitte sera distribuée à chacû ménage, qui habitent en une loge tous ensemble, côme escoliers aux collèges. Ils ne mâgeront iamais chair de beste rauissante, ou qui se nourrisse de choses impures, tât priuée soit elle : Description du Coaty, animal estrange. aussi ne s’efforcerôt d’appriuoiser telle beste, côme une qu’ils appellent Coaty[2], grande corne un regnard de ce païs, ayât le museau d’un pied de long, noir côme une taupe, et menu côme celuy d’un rat : le reste enfumé, le poil rude, la queue gresle côme celle d’un chat sauuage, moucheté de blanc et noir, ayant les oreilles comme un regnard. Ceste beste est rauissète, et vit de proye autour des ruisseaux. Espèce de faisan. En oultre se trouue là une espèce de faisans[3], gros comme chappons mais de plumage noir, hors-mis la

  1. C’est ce qu’on nomme le boucan. Ce mode de cuisson est encore en usage chez toutes les peuplades américaines.
  2. Le coati ou agouty a été décrit par Léryxi). Aussi bien sur tous ces animaux américains on peut consulter Roulin. Causeries sur l’Histoire naturelle. P. 41-79.
  3. Ces prétendus faisans sont tout bonnement les dindons qui ne commencèrent à être connus en Europe qu’au XVIe siècle. Champier, qui publia en 1560 son traité De re cibaria, parle en ces termes des dindons : « Depuis peu d’années, il nous est arrivé en France certains oiseaux étrangers qu’on appelle poules d’Inde, nom qui leur a été donné parce qu’ils ont été pour la première fois transportés dans nos climats des îles indiennes qui viennent d’être découvertes. »