Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

merles, Quiapiâ, oyseau. tous rouges comme sang de dragon, qu’ils nomment en leur langue Quiapian. Il y a une autre espece de la grosseur d’un petit moineau, lequel est tout noir, viuant d’une façon fort estrange. Quand il est soul de formis, et autre petite vermine qu’il mange, il ira en quelque arbrisseau, dans lequel il ne fera que voltiger de haut en bas, de branche en bràche sans auoir repos quelconque. Annou, oyseau. Les Sauuages le nômèt Annou. Entre tous les oyseaux qui sont par delà, il s’en trouue encore un autre que les Sauuages ne tueraient ou offenseraient pour chose quelconque. Autre espece d’oyseau. Cest oyseau a la voix fort esclatàte et piteuse[1], côme celle de nostre Chathuant : et dient ces pauures gês que son chât leur fait recorder leurs amis morts estimans que ce sont eux qui leur enuoyent, leur portant bonne fortune, et mauuaise à leurs ennemis. Il n’est pas plus grand qu’un pigeon ramier, ayàt couleur cêdrée, Hiuourahé, arbre. et viuât du fruit d’un arbre qui s’appelle Hiuourahé. Ie ne veux oublier un autre oyseau.

  1. Léryxi). « Nos pauvres Touoùpinambaoults l’entendant crier plus souuent de nuict que de iour, ont ceste resuerie imprimée en leur cerueau, que leurs parens et amis trespassez en signe de bonne aduenture et surtout pour les accourager à se porter vaillemment en guerre contre leurs ennemis, leur envoient ces oiseaux. » Cf. Yves d’Evreux. (Voyage au nord du Brésil. P. 281.) : « Il y a aussi de certains oiseaux nocturnes, qui n’ont point de chant, mais une plainte moleste et fâcheuse à ouyr, fuyards et ne sortent des bois appelez par les Indiens ouyra giropari, les oiseaux du diable. » Cette croyance aux oiseaux prophétiques s’est conservée chez les Guaycourous, mais la plupart des indigènes se bornent à croire que ces oiseaux leur annoncent l’arrivée d’un hôte.