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CHAPITRE XLIV.

Des Mortugabes, et de la charité, de laquelle ils usent enuers les estrâgers.


Puis qu’il est question de parler de noz Sauuages, nous dirôs encores quelque chose de leur façon de viure. En leur païs il n’y a villes, ne forteresses de gràdeur, sinô celles que les Portugais et autres Chrestiens y ont basties, pour leur commodité. Mortugabes, logettes des Sauuages, et comme ils les bastissent. Les maisons ou ils habitent sont petites logettes, qu’ils appellent en leur langue Mortugabes, assemblées par hameaux ou villages, tels que nous les voyons en aucuns lieux par deça. Ces logettes sont de deux ou trois cens pas de long, et de largeur vingt pas, ou enuirô, plus ou moins : basties de bois, et couuertes de fueilles de palme, le tout disposé si naïfuement, qu’il est impossible de plus. Chacune logette a plusieurs belles couuertures, mais basses, tellemêt qu’il se faut baisser pour y entrer, côme qui voudrait passer par un guichet. En chacune y a plusieurs ménages : et en chacun pour luy et sa famille trois brassées de long. Arabes et Tartares n'ont point de maison permanente. Ie trouue encore cela plus tole-