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nité à son honneur. Et là s’assembleront painturez de diuerses couleurs, de plumages, et autre équipage à leur mode, faisans mille passetemps et cerimonies. Oyseaux ayâs semblable cry qu’un hibout. Ie feray en cest endroit mention de certains oiseaux à ce propos[1], ayans semblable cry et voix qu’un hibou de ce pais, tirant sur le piteux : lesquels ces bauuages ont en si grande reuerence, qu’on ne les oseroyt toucher, disants que par ce chant piteux ces oyseaux plorent la mort de leurs amis : qui leur en fait auoir souuenance. Ils font donc estans ainsi assemblez et accoustrez de plumages de diuerses couleurs dâses, ieux, tabourinages, auec flustes faictes des os des bras et iambes de leurs ennemis, et autres instrumens à la mode du païs. Les autres, comme les plus anciens tout ce iour ne cessent de boire sans manger, et sont seruis par les femmes et parêtes du defunct. Ce qu’ils font, ainsi que ie m’en suis informé, est à fin d’eleuer le cœur des ieunes enfans, les emouuoir et animer à la guerre, et les enhardir contre leurs ennemis. Coustume des Romains et autres peuples aux funerailles d’aucun citoyen. Les Romains auoyêt quasi semblable manière de faire. Car après le décès d’aucû citoyë qui auoit trauaille beaucoup pour la Republique, ils faisoyent ieux, pôpes, et chats funèbres à la louenee et honneur du defunct, ensemble pour donner exemple aux plus ieunes de s’employer pour la liberté et conseruation du pais. Pline[2] recite qu’un nommé Lycaon fut inuêteur de belles danses, ieux et chats funèbres, pompes et

  1. Voir plus loin, § 48.
  2. {{|Pline}}. Hist. nat. vii. 57.