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bien autant ou plus, sans toutesfois offrir ne present ne chàdelle. Et de ce ie m’en rapporte à la verité. Au surplus de la consanguinité en mariage, Saint Hierosme escrit, que les Atheniens auoyent de coustume marier les freres auec les sœurs et nô les tantes aux nepueux : ce qui est au contraire de noz Ameriques. Pareillement en Angleterre, une femme auoit iadis liberté de se marier à cinq hommes, et non au contraire. En outre nous voyons les Turcs et Arabes prendre plusieurs femmes : non pas qu’il soit honneste ne tolerable en nostre Christianisme. Conclusion noz Sauuages en usent en la maniere que nous auons dit, tellement que bien à peine une fille est mariée, ayant sa virginité : mais estans mariées elles n’oseroyent faire faute : car les maris les regardent de pres comme tachez de ialousie. Vray est qu’elle peut laisser son mari, quand elle est maltraitée : ce qui aduient souuent. Comme nous lisons des Egyptiens, qui faisoyent le semblable auant qu’ils eussent aucunes loix. Les Sauuages ont plusieurs femmes. En ceste pluralité de femmes dont ils usent, comme nous auons dit, il y en a une tousiours par sus les autres plus fauorisée, approchant plus pres de la personne, qui n’est tant subiecte au trauail comme les autres. Tous les enfants qui prouiennent en mariage de ces femmes, sont reputez legitimes, disants que le principal auteur de generation est le pere, et la mere non. Qui est cause que bien souuent ils font perir les enfans masles de leurs ennemis estants prisonniers, pour ce que tels enfants à l’aduenir pourroyent estre leurs ennemis.