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ne en places publiques, ainsi que plusieurs estimêt par deça : comme les Cris, peuple de Thrace et autres Barbares en quelques isles de la mer Magellanique, chose merueilleusemêt detestable, et indigne de Chrestien auquel peuuêt seruir d’exêple en cest endroit ces pauures brutaux. Les femmes pendant qu’elles sont grosses ne porteront pesans fardeaux, et ne feront chose pénible, ains se garderont tresbien d’estre offensées. La femme accouchée, quelques autres femmes portent l’enfant tout nud lauer à la mer ou à quelque riuiere, puis le reportent à la mere, qui ne demeure que vingt et quatre heures en couche. Le pere coupera le nombril à l’enfant auec les dents[1] : comme i’ay veu y estant. Au reste traittent la femme en trauail autant songneusement, comme l’on fait par deçà. La nourriture du petit enfant est le laict de la mere : toutesfois que peu de iours apres sa natiuité luy bailleront quelques gros alimens, comme farine maschée, ou quelques fruits. Le pere incontinent que l’enfant est né luy baillera[2] un arc et flesche à la

  1. Léry. § xvii : « Le père après qu’il eut reçu l’enfant entre ses bras, luy ayant premièrement noué le petit boyau du nombril, il le coupa puis apres à belles dents. » Thevet (Cosm. univ. P. 916.) rapporte un autre usage : « Quand le nombril de l’enfant est sec et tombé, le père le prend et en fait de petits morceaux lesquels il attache au front d’autant de piliers qu’il y a en la maison, à fin que l’enfant susdit soit grand père de famille. »
  2. Léry. § xvii : « Si c’est un masle, il luy fera une petite espée de bois, un petit arc et de petites flesches empennées de plumes de perroquets : puis mettant le tout aupres de l’enfant… luy dira, mon fils, quand tu seras venu en aage, à fin que tu te venges de tes ennemis, sois adextre aux armes, fort, vaillant