Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XLI.

Que ces Sauuages sont merveilleusement vindicatifs.


La vengeâce defendue au Chrestien. Il n’est trop admirable, si ce peuple cheminant en tenebres, pour ignorer la verité, appete non seulement vengeance, mais aussi se met en tout effort de l’executer : consideré que le Chrestien, encore qu’elle luy soit defendue par expres commandemêt, ne s’en peut garder, comme voulant imiter l’erreur d’un nommé Mellicius, lequel tenoit qu’il ne falloit pardonner à son ennemy. Laquelle erreur a long temps pullulé au païs d’Egypte. Toutesfois elle fut abolie par un Empereur Romain. Appeter donc vengeance est haïr son prochain, ce que repugne totalement à la loy.

Or cela n’est estrange en ce peuple, lequel auons dit par cy deuant viure sans foy, sans loy : tout ainsi que toute leur guerre ne procede que d’une folle opinion de vengeance[1], sans cause ne raison.

  1. Il paraîtrait même que l’anthropophagie n’avait pour les Brésiliens d’autre motif que la vengeance : Léryxiv), le dit expressément : « Car, comme eux mesmes confessent, n’estans poussez d’autre affection que de venger, chacun de son costé ses parens et amis, ils sont tellement acharnez les uns à l’encontre