Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

auons dit cy deuant) en grand nombre, pour aller trouuer leurs ennemis, s’ils ont receu principalement quelque iniure recente : et où ils se rencontrent, ils se battêt à coups de flesches, iusques à se ioindre au corps, et s’entreprendre par bras et oreilles, et donner coups de poing. Là ne faut point parler de cheual dont pouuez penser comme l’emportent les plus forts. Sauuages obstinez et courageux. Ils sont obstinez et courageux, tellement que auant que se ioindre et battre (comme auez yeu au precedêt chapitre) estans à la câpagne elôgnez les uns les autres de la portée d’une arquebuze, quelquesfois l’espace d’un iour entier se regarderôt et menasseront, monstrans visage plus cruel et epouuentable qu’il est possible, hurlans et crians si confusément que l’on ne pourroit ouïr tonner, monstrans aussi leurs affections par signes de bras et de mains, les eleuans en haut auec leurs espées et masses de bois. Nous sommes vaillans (disent ils), nous auons mangé vos parens, aussi vous mangerons nous : et plusieurs menasses friuoles : comme vous represente la presente figure.

En ce les Sauuages semblent obseruer l’anciêne maniere de guerroyer des Romains, lesquels auant que d’entrer en bataille faisoyent cris epouuentables et usoyêt de grandes menasses. Ce que depuis a esté

    font les bouchers les bœufs par deça. » Cf. Thevet. Cosm. Univ. P. 942 : « Tellement que c’est hideux de voir ces sauuages, lorsqu’ils viennent aux prises, de s’entremordre et esgratigner, mesme quand ils sont renuersez par terre, prennent leurs ennemis par les jambes à belles dents, et aux parties honteuses, s’ils les peuuent attraper. »