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sont grosses espées[1] de bois fort massiues et pesantes : au reste arcs et flesches. Leurs arcs sont la moitié plus longs que les arcs Turquois et les flèches à l’equipollent, faites les unes de cannes marines, les autres du bois d’un arbre, Hairi arbre. Hebene, arbre. qu’ils nôment en leur langue Hairi, portant feuillage semblable au palmier, lequel est de couleur de marbre noir, dont plusieurs le disent estre Hebene[2], toutesfois il me semble autremenr, car vray Hebene est plus luysant. Dauantage l’arbre d’Hebene n’est semblable à cestuy cy, car cestuy cy est fort espineux de tous costez : ioint que le bon Hebene se prend au pais de Calicut, et en Ethiopie. Ce bois est si pesant, qu’il va au fons de l’eau, côme fer : pourtant les Sauuages en font leurs espées à combatre. Il porte un fruit gros comme un esteuf, et quelque peu pointu à l’un des bouts. Au dedans trouuerez un noyau blanc comme neige : duquel fruit i’ay apporté grande quâtité par deçà. Ces Sauuages en outre font de beaux colliers de ce bois. Aussi est il si dur et si fort, (comme nous disions n’agueres) que les flèches qui en sont faites, sont tant fortes, qu’elles perceroyent le meilleur corselet.

  1. Leurs épées se nommaient tacapés. Cf. Léryxiv) Voici comment Osorio décrit leurs armes (Liv. ii, P. 50) : « Gladiis ligno durissimo fabrefactis utuntur, quibus hostium membra frangunt et dissecant… In bellis arcubus utuntur, et tanto artificio sagittas emittunt, ut in quemeumque corporis ullius locum sagittam collineare velint, eum configant. »
  2. Description analogue dans Léryxiii) qui pourtant s’obstine à considérer l’hairi comme une sorte d’ébène.