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luy faisant responce qu’elles alloyent auec Toupan[1], il creut aisément : en côtemplation de quoy me dist, viença, ie t’ay entêdu faire si grand recit de Toupan, qui peut toutes choses, parle à luy pour moy, qu’il me guerisse, et si ie puis estre gueri, ie te feray plusieurs beaux presents : ie veux estre accoustré côme toy, porter grâd barbe, et honnorer Toupan côme toy. Et de fait estàt gueri, le Seigneur de Villegagnô delibera de le faire baptiser : et pource retint auec luy. Superstition des Sauuages. Ils ont une autre folle opinion : c’est qu’estâts suf l’eau) soit mer ou fleuue) pour aller côtre leurs ennemis, si suruiêt quelque tempeste, ou orage (côme il aduiêt bien souuèt) ils croyent que cela vienne des ames de leurs parens et amis : mais pourquoy, ils ne sçauent : et pour appaiser la tormente, ils iettent quelque chose en l’eau, par maniere de present : estimàs par ce moyen pacifier les tempestes. Dauantage, quâd quelcun[2] d’entre eux decede, soit Roy, ou autre,

  1. Il paraîtrait que Toupan n’était pas le Dieu suprême, mais une divinité secondaire. Ruys de Montoya. (Arte de la lingua Guarani) fait remarquer que ce mot se décompose ainsi, Tupi, vient de Tu, formule de surprise et de Pa qui veut dire qu’est ceci ? Voir P. Denis. Une fête Brésilienne à Rouen. P. 87.
  2. Cet usage qui se retrouve à peu près chez tous les peuples et s’est perpétué jusqu’à nos jours, tient sans doute à la singulière croyance que les objets offerts deviennent la propriété du mort. Les Groenlandais pensent encore que les flèches et engins de chasse placés dans la tombe d’un homme, le couteau et les ustensiles servant à coudre placés dans la tombe d’une femme, servent au mort dans l’autre monde (Cranz. Groenland. P. 263-301). — D’après Schoolcraft (Indian Tribes. iv. P. 66-65), les ustensiles que l’on enterre avec le Sioux lui servent à gagner