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blanc : mais depuis aucuns ont maintenu la matière de laquelle elles sont faites estre de porcelaine. On les peut baptiser ainsi que l’on veut. Quoy qu’il en soit, estant au pais, i’en ay veu d’os de poisson, et sont faits tout ainsi qu’un gardebras de gendarme. Brasselets d’escailles de poisson. Deformité des Ameriques. Ils estiment fort ces petites patinotres de verre, que l’on porte de deçà. Pour le comble de deformité ces hommes et ces femmes le plus souvent sont tous noirs, pour estre teins de certaines couleurs et teintures, qu’ils font de fruits d’arbres, ainsi que desia nous avons dit, et pourrons encores dire. Ils se teignent et accoustrent les uns les autres. Les femmes accoustrêt les hommes, leur faisans mille gentillesses, comme figures, ondes, et autres choses semblables, déchiquetées si menu qu’il n’est possible de plus. On ne lit point que les autres nations en ayent ainsi usé. On trouve bien que les Scythes allans voir leurs amis, quand quelcun estoit decedé, se peignoyent le visage de noir. Les femmes de Turquie se peignent bien les ongles de quelque couleur rouge ou perse, pensant par cela estre plus belles : non pas le reste du corps, le ne veux oublier que les femmes en ceste Amérique ne teignêt le visage et corps de leurs petits enfans de noir seulement, mais de plusieurs autres couleurs, et d’une spécialement qui tire sur le Boli armeni, laquelle ils font d’une terre grasse comme argille, quelle couleur dure l’espace de quatre iours. Et de ceste mesme couleur les femmes se teignêt les iambes, de manière qu’à les voir de loing, on les estimeroit estre reparées de belles chausses de fin estamet noir.