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pour ne l’auoir veûe : combien que telle soit la cômune opinion. Quant. à. moy,.ie le. scay. et l’afferme asseurément, pour l’auoir ainsi veu. Mais tout au contraire, les Sauuages tant de l’Inde Orientale, que de nostre Amérique, issent du ventre de leur mère aussi beaux et polis, que les enfans de nostre Europe. Et si le poil leur croist par succession de temps en aucune partie de leurs corps, comme il auiêt à nous autres, en quelque partie que ce soit, ils l’arrachent auecques les ongles, reserué celuy de la teste seulement, tant ils ont cela en grand horreur, autant les hommes que les femmes. Et du poil des sourcils, qui croist aux hommes par mesure, les femmes le tondent et rasent auec une certaine herbe[1] trenchante comme qui a force un rasoir Espèce d’herbe qui a force de coupper. Ceste herbe ressemble au ionc qui vien près des eaux. Et quant au poil amatoire et barbe du visage ils se l’arrachent comme au reste du corps. Depuis quelque temps ença, ils ont trouvé le moyen de faire ie ne sçay quelles pinsettes, dont ils arrachent le poil brusquemêt.

Car depuis qu’ils ont esté fréquentez des chretiês, ils ont appris quelque usage de maller le fer. Et pource

  1. Thevet revient sur cet usage dans sa Cosmographie universelle (P. 931) : « Le poil leur croissant, les femmes l’arrachent aux hommes avec une certaine herbe, laquelle tranche comme un rasoir. Quant au poil amatoire, ils se l’arrachent réciproquement, les uns aux autres… Depuis que nous y auons fréquenté ils ont apprins à auoir des pincettes, avec lesquelles elles se pincettent et arrachent brusquement le poil. » Cf. Léry. § viii. — Gomara. Hist. gen. de las Indias. § LXXIX. — Osorio. "De rebus Emmanuelis. ii. 49. — H. Staden. P. 267.