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quelques autres les Ëstoilles : les autres autrement, ainsi que nous recitent les histoires. Toupan. Or, pour venir à nostre propos, noz Sauuages font mention d’un grand Seigneur, et le nommêt en leur langue, Toupan, lequel, disent-ils, estant là haut fait plouuoir et tonner : mais ils n’ont aucune maniere de prier ne honnorer, ne une fois, ne autre, ne lieu à ce propre. Si on leur tient propos de Dieu, comme quelque fois i’ay fait, ils escouteront attentiuement auec une admiration : Hetich racines. et demanderont si ce n’est point ce prophete, qui leur a enseigné à planter leurs grosses racines, qu’ils nomment Hetich[1]. Et tiennent de leurs peres que auant la cognoissançe de ces racines, ils ne viuoient que d’herbes comme bestes, et de racines sauuages. Charaïbe. Il se trouua, comme ils disent, en leur païs un grand Charaïbe, c’est à dire, Prophete, lequel s’adressant à une ieune fille, luy dôna certaines grosses racines, nommées Hetich, estant semblables aux naueaux Lymosins, luy enseignant qu’elle les mist en

  1. La même tradition se retrouvait aux Antilles. Les Caraïbes racontaient qu’un homme blanc descendu du ciel les réconforta pendant une famine. « Il leur auoit apporté une racine excellente qui leur seruiroit à faire du pain et que nulle beste n’oseroit toucher quand elle seroit plantée. Il vouloit que désormais ce fut leur nourriture ordinaire. Les Caraïbes ajoutent que la dessus ce charitable inconnu rompit en trois ou quatre morceaux un bâton qu’il auoit en main, et commanda de les mettre en terre, assurant que peu après, y fouissant, on trouverait une puissante racine, et le bois qu’elle aurait poussé dehors aurait la vertu de produire la même plante. » Rochefort. Hist. des Antilles. P. 428.