Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouue point d’asnes sauuages, sinô en terre ferme. Qu’il y aye des licornes, ie n’en ay eu aucune côgnoissance. Vray est, qu’estant aux Indes Amériques quelques Sauuages nous vindrent voir de bien soixante ou quatre vingts lieues, lesquels côme nous les interrogiôs de plusieurs choses, nous recitèrent qu’en leur païs auoit grand nombre de certaines bestes grâdes comme une espèce de vaches sauuages qu’ils ont portâs une corne seule au frôt, longue d’une brasse ou enuiron : mais de dire que ce soyêt licornes ou onagres ie n’en puis rien asseurer, n’en ayant eu autre cognoissance. I’ay voulu dire ce mot encore que l’Amérique soit beaucoup distante de l’isle dôt nous parlons. Nous auons ia dit que ceste contrée insulaire nourrit abondance de serpens et laisarts d’une merueilleuse grandeur, et se prennent aiséement sans danger. Aussi les Noirs du païs mangent[1] ces laisarts et crappaux, comme pareillement font les Sauuages de l’Amérique. Il y en a de moindres de la grosseur de la iambe, qui sont fort délicats et frians à manger, outre plusieurs bons poissons et oyseaux, desquels ils mangent quand bon leur semble. Ambre gris fort cordial. Entre autres singularités pour la multitude des poissons, se trouuent force balenes, desquelles les habitans du païs tirent ambre, que plusieurs prennent pour estre ambre gris, chose par deçà fort rare et précieuse : aussi

    estre dans le pays des Antsianactes, qui a une corne seule sur le front, grand comme un grand cabrit, et est fort sauuage. Il faut que ce soit une licorne. »

  1. Flacourt. Ouv. cité. P. 155.