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et deliurez d’entre les mains de ces Barbares. Pompone Mele appelle ce promontoire dont parlons, le frôt d’Afrique, parce que de là elle va en estressissant côme un angle, et retourne peu à peu en Septentrion et Orient, là ou est la fin de terre ferme, et de l’Afrique, de laquelle Ptolemée n’a onques eu côgnoissance. Ce cap est aussi le chef de la nouuelle Afrique, laquelle termine vers le Capricorne aux montagnes de Habacia et Gaiacia. Le plat païs voisin est peu habité, à cause qu’il est fort brutal et barbare, voire monstrueux : non que les hommes soyent si difformes que plusieurs ont escrit[1] comme si en dormant l’auoyent songé, osans affermer qu’il y a des peuples auxquels les oreilles pendent iusques aux talons : les autres auec un œil au frôt, qu’ils appellent Arismases, les autres sans teste : les autres n’ayans qu’un pié, mais de telle longueur qu’ils s’en peuuent ombrager contre l’ardeur du soleil : et les appellent monomeres, monosceles, et sciapodes. Quelques autres autant impertinens en escriuent encore de plus estranges, mesmes des modernes escriuains sans iugement, sans raison, et sans experience. le ne veux du tout nier les monstres qui se font outre le dessein de nature, approuuez par les philosophes, confirmez par expe-

    P. 151), raconte qu’il faillit être abandonné par un interprète normand qui ne voulait pas lui sauver la vie, par ce qu’il le prenait pour un Portugais. Il raconte encore (P. 196. 208), que parfois nos compatriotes fournissaient aux Brésiliens pour leurs hideux festins des prisonniers portugais.

  1. Allusion à certains passages des auteurs anciens et spécialement de Pline. H. N. vii. 2.